mercredi 24 novembre 2010

Ainsi s'achève

Ce qui me paraissait loin, très loin, arrive finalement à échéance.

Le 30 août de cette année a marqué ma première "vraie" entrée scolaire comme professeure. Vrai que j'ai travaillé à contrat l'année dernière, mais comme je me promenais de classe en classe, je n'avais pas l'impression d'avoir ma classe.

Par contre, cette année, j'ai eu "ma" classe, mais de courte durée. Rapidement, j'ai perdu les rênes et j'ai pris le rôle de la suppléante mais à contrat.

Vendredi sera ma dernière journée à contrat comme suppléante dans cette classe.

Dès lundi, je serai agent libre et prête pour une nouvelle aventure! En espérant que la nouvelle aventure ne tardera pas trop à arriver!

lundi 1 novembre 2010

Point de repère

Qu'est-ce qu'un point de repère?

De façon commune, un point de repère, c'est pour indiquer où nous sommes rendus. On peut utiliser des points de repère sur un trajet, sur une feuille ou autre, à notre imagination.

En éducation, on a imaginé un système pour illustrer comment les élèves peuvent être tranquille ou dérangeant en classe. On les repère bien assez vite. Initialement, le système Point de repère a été conçu pour motiver les élèves du secondaire et en adaptation scolaire. Une activité ultime de récompense est prévue à la fin d'un certain délai, mais au quotidien, à la fin d'une journée ou d'une période selon les groupe à qui l'on s'adresse, on récompense les élèves qui ont maintenu un bon comportement.

À la base, on veut motiver les enfants à bien agir. En effet, qui veut être privé consciemment d'une récompense? On mise donc sur la perte d'une activité privilège pour motiver l'enfant en difficulté de faire mieux. Et comme le système est établi pour le secondaire et les élèves en adaptation scolaire, le rapprochement a vite été fait pour les élèves du régulier au primaire. Voilà donc le système implanté dans plusieurs écoles/classes à toutes les sauces.


Mais est-ce qu'on motive vraiment les élèves avec ce système? Est-ce vraiment bénéfique pour les enfants que l'on veut viser? L'effort mis dans ce système en vaut-il vraiment la peine?

D'entrée de jeu, ce système est mis en place pour quelques élèves dans une classe: les dérangeurs. Ces élèves connaissent généralement le système depuis la maternelle ou la première années et plus les années passent, moins ils sont accrochés au système. Ils décrochent... Ils sont toujours les premiers avancés sur le tableau, récoltent peu ou pas de privilèges et n'ont généralement aucun intérêt à faire mieux.

Ensuite, trop souvent les privilèges à obtenir sont soient inaccessibles pour ces élèves ou carrément inintéressant. Lorsqu'inaccessibles, les privilèges perdent de leur intérêt, alors à quoi bon mettre de l'effort... Lorsque inintéressant aux yeux d'un élève en difficulté, à quoi bon mettre de l'effort, les privilèges à obtenir ne sont pas motivants...  On y va de manière générale au lieu de cibler l'enfant qui a besoin d'aide...

De plus, tellement d'effort de la part de l'enseignant est mis pour la gestion du système (points ou bon d'effort à remettre, consignation, etc) qu'on vient vite essoufflé et si en plus on ne constate aucune amélioration, l'envie de tout laisser tomber nous prend rapidement...

Enfin, avec ce système, on affiche à tous ceux qui mettent les pieds dans la classe qui sont les dérangeurs, ceux qui nous donnent du fil à retordre, ceux sur qui il faut poser notre attention constamment. Ces élèves identifiés deviennent vite les parias de la classe à tous ceux, adultes et enfants, qui mettent les pieds dans la classe. Est-ce le but visé? Bien sûr que non! On veut que l'élève s'améliore pour rejoindre les rangs des élèves tranquilles et toujours prêts. Ça part évidemment d'une bonne intention...


Je me souviendrai toujours d'un élève: Jonathan. Jonathan a le syndrome de Gilles de la Tourette. La motricité fine et globale est difficile. Le français est difficile. La résolution de problème est difficile et la cerise sur le cornet, la relation avec les pairs est difficile. Son enseignante, voulant bien faire, affiche à chaque début d'année une série de certificat pour le français et les maths en lien avec les résultats de contrôle de la semaine. Le tout combiné avec le système Point de repère. Comme tout est difficile pour Jonathan, cette année-là, il y a eu très peu d'étoiles sur ses certificats et le nom de Jonathan était toujours avancé sur le tableau. Jonathan n'étant déjà pas très motivé à l'école n'est pas sorti de son année scolaire plus motivé. Il a changé d'école au cours de l'été et aux dernières nouvelles, ça ne va pas mieux. Rejoindra-t-il les rangs des décrocheurs? Sans lire dans une boule de cristal, difficile de dire autrement que oui puisqu'il n'a rien pour le raccrocher. Peu de gens ont travaillé en fonction de ses forces, Jonathan est une petite bombe en calcul mental entre autre, et n'étant plus en contact avec lui, je lui souhaite de croiser quelqu'un sur sa route qui saura le raccrocher. D'ici là, je sais qu'il a quitté le primaire avec une estime de soi en-dessous de zéro. À tous les jours, les certificats et Point de repère lui ont répété qu'il était un échec...

Mais l'enseignante croit dur comme fer qu'elle le motive à s'améliorer...